Le titre de ce blog a une signification importante pour moi. S’il était en mon pouvoir, je changerais la façon d’écrire « beautiful » pour « beyoutiful », parce qu’ainsi, dans ce mot, on y trouverait « be you ». La beauté telle qu’on la perçoit de nos jours est à première vue quelque chose de positif, de souhaitable et de désirable. Toutefois, en réalité, elle possède souvent un envers à sa médaille. En effet, la beauté physique et extérieure peut cacher bien souvent un vide et une souffrance intérieure. De plus, le culte de la beauté se basant sur une perfection irréaliste, tel que véhiculé par la société (via la télévision, les magazines, les médias sociaux, etc.), peut être ravageur pour l’estime de soi. Dans une société où la beauté est axée en grande majorité sur le paraître et non l’être, il est facile de sacrifier qui l’on est réellement pour plaire aux autres, pour répondre aux standards, pour se sentir aimé, accepté et valorisé. Et c’est précisément là que la société fait fausse route… La vraie beauté prend sa source à l’intérieur, au plus profond de soi. C’est d’être en santé, c’est faire preuve d’amour et de bienveillance envers soi-même, c’est de développer et faire preuve d’une bonne confiance et estime de soi. En fait, sacrifier sa propre voix intérieure, sa créativité et son intuition, pour répondre aux standards de beauté, c’est justement tout le contraire de la beauté, du moins d’une beauté saine. On ne peut vivre en paix et être réellement heureux avec soi-même en se sentant obligé de porter un masque, de camoufler à tout prix ses défauts et ses complexes, de ne pas être soi-même, et ce, pour être aimé et accepté par autrui. De plus en plus, on reconnaît et on dénonce ces standards de beauté irréalistes, tel qu’un physique sans défaut (souvent « photoshopé »). On voit désormais de plus en plus apparaître des groupes et des campagnes de sensibilisation qui dénoncent ce problème et qui militent pour une définition beaucoup plus large et profonde de la beauté, encourageant la diversité et l’acceptation de soi au naturel. Bien que la maigreur soit encore dominante dans le monde de la mode et du mannequinat, on appelle de plus en plus à un corps naturel et en santé. Ce n’est pas un hasard que le nouveau mot à la mode soit « santé » ou « healthy ». Étant moi-même une fervente, lorsque ce n’est pas une obsession maladive, d’un mode de vie « healthy », ce courant est vraiment accrocheur. Contrairement à la maigreur, comment cela peut-il être mauvais pour nous, puisque sa prémisse est justement la santé?! C’est ce que nous nous disons, c’est ce que je me disais… Je ne dis pas que ce courant est malsain, mais plutôt que, comme la beauté, c’est un terme qui est large, flou et dont les possibilités d’interprétation et d’usage sont multiples! Il peut ainsi y avoir un envers à la médaille et la prudence est de mise. D’ailleurs, cet envers à la médaille, je le connais très bien, puisque je suis présentement en rétablissement d’un trouble de comportement alimentaire qu’on appelle « orthorexie », aussi connu comme l’obsession maladive de la santé (à travers l’alimentation stricte et l’activité physique intense)! Ce trouble s’est immiscé dans ma vie, cinq années et de nombreuses séances de psychothérapie plus tard, suite à une anorexie restrictive qui portait davantage sur l’apparence physique et la minceur plutôt que l’obsession de manger santé.
En lisant ce titre « Beyoutifully Healthy », vous vous êtes peut-être dit: « ah non, pas encore un autre blog sur le « healthy living »!!! » Et vous auriez bien raison! La quantité de livres et de blogs sur ce mode de vie a subi un réel « boom » de croissance, si ce n’est pas une épidémie! C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle, au même instant que j’écris ces lignes, j’hésite encore à faire le saut et partagé mon vécu, mes expériences, mon savoir et mes opinions sur cette thématique. « N’y en a-t-il pas suffisamment?? Tout a déjà été fait! » En effet… Mais bien que les écrits portants sur le « healthy living » débordent de partout, je crois que la majorité d’entre eux suivent simplement une tendance et ne porte pas suffisamment leur attention sur les risques que ce mode de vie peut engendrer. Oui, je souhaite sensibiliser les gens à cet envers de la médaille, ce piège de l’obsession de la santé, puisque j’en ai été moi-même victime. Mais l’écriture est avant tout pour moi un besoin et un désir de mettre en mots ce que j’ai dans la tête et dans le cœur.
Je n’ai absolument aucune idée qui lira ceci… Seulement moi, ma psychothérapeute, mes parents, ma famille, mes amis, des inconnus….? Je n’en ai pas la moindre idée! Tout ce que je sais, c’est que j’ai fini d’agir en fonction des attentes et des volontés d’autrui. J’ai enfin décidé de suivre mon intuition et mes passions, de m’écouter et de me faire confiance. Peut-être que la peur du jugement, la peur du rejet et de l’échec viendront me mettre des bâtons dans les roues et ces écrits resteront dans l’ombre. Cela serait malheureux, puisque je sais que d’autres individus vivent des expériences, des défis, des émotions, des pensées et des questions similaires aux miennes. Au cours de mon rétablissement, j’ai eu la chance de participer à de nombreux groupes de partage, et même de faire un témoignage, et j’ai pris conscience que le partage de mon vécu et de mes réflexions interpellent les autres. Mon désir le plus sincère a toujours été de faire du bien autour de moi; de faire mon possible pour aider autrui. Mon cheminement académique et mon domaine vont également dans ce sens. « Mais qui suis-je pour partager mon vécu, mes réflexions et mes conseils? Je ne suis pas parfaite, je ne me suis même pas encore remise complètement de mon trouble alimentaire! » Or, une petite partie de moi plus timide me répond « Au moins tu es vrai! Tu es toi! Tu es belle comme tu es! » Mon cœur et mon instinct me disent d’écouter cette voix. Ils me disent que je ne peux échouer, puisque je le fais avant tout pour moi! Avant, j’avais tendance à croire que cela serait égoïste de ma part, mais j’ai fini par apprendre qu’au contraire, c’est en prenant soin de soi, de ses désirs et ses besoins, qu’on peut s’ouvrir et être généreux envers autrui. Il faut être en mesure de s’aider soi-même pour pouvoir aider les autres, comme il faut être capable de s’aimer soi-même avant d’aimer autrui. La relation que nous entretenons avec nous-mêmes à un impact majeur sur nos relations avec les autres. J’aime me rappeler: » Traite-toi comme tu traiterais ton ou ta meilleur(e) ami(e). » Nous ne réalisons pas à quel point nous sommes méchants et durs avec nous-mêmes. » On passe son temps à se critiquer, à voir nos défauts et nos imperfections. Trop souvent on pense que c’est acceptable, voire recommandable, d’être davantage critique et exigeant envers soi plutôt qu’envers les autres. Or, tout être humain a un besoin inné d’amour et de respect inconditionnel pour vivre en santé et heureux, et si nous ne sommes pas en mesure de nous le donner à nous-mêmes, nous devenons alors dépendants des autres. Au lieu de chercher cet amour inconditionnel à l’intérieur de nous-même nous le cherchons à l’extérieur, dans une relation amoureuse par exemple. Et alors, on finit par être déçu que notre partenaire ne nous donne pas toute l’attention que l’on mérite! Ainsi, on se dit que ce n’est pas la bonne personne pour nous et on va chercher ailleurs… Mais si on prend du recul et on laisse son ego de côté en prenant le temps de s’observer et se questionner, peut-être réaliserions-nous que nous ne cherchons pas au bon endroit. Peut-être que cet amour inconditionnel dont nous rêvons tous (être aimé et accepté pour ce que l’on est en totalité, autant pour ses qualités que des défauts) devrions-nous le chercher et le trouver d’abord et avant tout en soi… Et ça c’est une belle santé!